L'île déserte
Désolé, je squatte en urgence mon article, car aux dernières nouvelles,
il parait que c'est la folie devant la Fnac, pour avoir un exemplaire de
Pardon pour cette interruption. Voici donc mon
ILE DESERTE
C'est curieux comment mon envie d'écrire se révèle inversement proportionnelle au nombre de visiteurs. Du temps d'Orange, j'avais foule à la porte de ma Caverne, et souvent l'immense flegme de remplir une page. Alors que là, personne à la porte, mes doigts s'envolent sur mon azerty. Allez donc comprendre. Mais l'explication est simple : si je dis une connerie, ça ne va jamais aller bien loin, alors, ma plume se délie, toutes inhibitions gommées, je me sens libre de dire tout ce qui me passe par la tête.
C'est pourquoi je viens d'inaugurer une nouvelle rubrique :
LES MONOBLOGUES D'ALIBORON
(Ça m'étonnerait beaucoup que quelqu'un, si quelqu'un il y a, lise ma tirade jusqu'au bout, mais tant pis, je la fais, ma tirade, car, jusqu'à preuve du contraire, je suis seul maître à bord)
L'île déserte
Avouez-le, vous l'avez tous fait les uns et les autres.
Sur l'autoroute en pleine nuit, seul dans votre voiture, qui d'entre vous n'a jamais poussé une grande gueulante libératrice, en toute impunité, contre votre chef, votre voisin, votre client ou...votre conjoint.
C'est que la voiture est un magnifique espace de liberté vocifératoire. Une île déserte sur quatre roues, à la portée de tous. Vous me direz qu'un bateau en pleine mer c'est encore mieux. Mais c'est plus cher. Et puis, si le gars de Clermont-Ferrand, après une engueulade avec son épouse, il faut qu'il se tape 400 bornes jusqu'à La Rochelle et puis partir au large, le volcan islandais de sa colère sera devenu paisible Puy de Dôme.
Quoi de plus grisant que de pouvoir, sans témoin ni limite de décibels, hurler sa colère, crier tout ce que l'on n'a pas osé dire, régler ses comptes à qui de droit, avec tous les gros mots indispensables qui vous étouffent depuis que vous l'avez quitté, l'AUTRE.
Mais la bagnole peut être aussi, et je vous souhaite qu'elle le soit plus souvent, le théâtre intime d'un cri de joie à vous rendre aphone pendant trois jours, après avoir décroché le boulot de vos rêves, réussi à décrocher un contrat mirobolant, ou, encore mieux, après votre dernier coup de foudre.
Tout ça pour vous dire, si des fois il y a un seul humain qui lit ces lignes, que je me sens, dans mon blog archi désert, comme dans ma bagnole sur l'autoroute : libre de gueuler, personne ne m'entendra. Il y a, dans les méandres de ma Caverne, sans l'ombre d'un visiteur, une invitation constante au délire tremens. Mais je me garderai quand même de vider mon sac, des fois que quelqu'un, par erreur, ait cliqué sur mes pages...
Des blogueurs avertis m'ont dit : "Ali, si tu ne vas pas à Lagardère, tu peux toujours te courir, Lagardère ne viendra pas à toi. Il faut aller déposer des bons mots à droite et puis à gauche, laisser moult commentaires, le plus voyants possibles, pour qu'on voie ta signature, cliquable, bien entendu, et ce n'est que comme ça, que tu auras des visiteurs"
Oui, je leur dis, je veux bien, mais après, il va falloir que je leur rende leur rhubarbe, à tous ceux qui m'ont passé le séné. Et là, ça va être encore l'escalade, comme du temps d'Orange, et je vais me trouver noyé dans des civilités incontournables à rendre, sous peine de passer pour un malotru.
C'est donc devant ce dilemme vachement cruel que je me plante ce soir :
Liberté, liberté chérie, de dire n'importe quoi impunément dans un blog vide
ou
popularité, construite com à com, avec ses inconvénients et ses avantages, en devenant un animal social...
Exit mon île déserte, il va falloir que je fasse à nouveau gaffe aux virgules dans mes textes, et aux excès dans mes idées. Ciao libertà.
Mais, pour vendre le bouquin, il va me falloir des visiteurs, qu'il m'a dit, Monsieur l'éditeur des
Alors tu va te magner, qu'il m'a encore dit, pour faire venir du monde à ton machin vide. La com, ça commence par des coms.
Je n'ai pas le choix, alors, je vais peut-être aller faire un tour dans le quartier, histoire de me faire voir, au risque de m'entendre dire : "Va te faire voir !"
Misère, misère, c'est dur, la vie d'un écrivain en herbe...
N.B. – Si vous avez eu le courage d'arriver jusqu'au bout de ces lignes, allez donc vous fendre la pêche dans mon COURRIER DES LECTEURS : vous y ferez la connaissance de l'ineffable Elisa, vous délecterez des dires de Nicolas, si, si, lui-même en personne, découvrirez Monsieur Carillon et d'autres personnages insolites, présents ou à venir.